Stratégie nationale de santé : de nombreux impacts pour les entreprises du médicament !

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Quels impacts la stratégie nationale de santé aura-t-elle sur les entreprises du médicament ? Du 7 au 25 novembre, le projet de stratégie nationale de santé a été soumis à consultation publique par le ministère des Solidarités et de la Santé. Avant qu’il ne se concrétise en un décret et divers plans et programmes, Marc Lefrançois, spécialiste des industries de la santé, nous éclaire.

43 objectifs pour la stratégie nationale de santé

photo_secteur-santeLe projet de stratégie nationale de santé a été élaboré grâce à une concertation menée depuis septembre avec les autres ministères, et avec les représentants du secteur de la santé, des élus et des usagers. Ces travaux ont fait émerger 4 axes, 11 domaines d’actions et 43 objectifs.
Parmi ces objectifs, nous avons recherché ceux qui, selon nous, auront un impact sur les entreprises du médicament.
Quinze objectifs ont émergé, dont 9 avec un impact direct et 6 avec un impact indirect.
Nous avons ensuite regroupé ces objectifs en 7 thèmes, selon les sujets qu’ils touchent pour les laboratoires pharmaceutiques.

 

Un impact direct pour 9 objectifs

Prescription et consommation de médicaments, Pharmacovigilance, Recherche et développement, Accès à l’innovation. Ces quatre thèmes rassemblent 9 objectifs qui auront, selon nous, un impact direct pour les entreprises du médicament

Quatre objectifs devraient avoir des retombées sur la prescription et la consommation de médicaments :

Renforcer la protection vaccinale de la population, qui pose comme nécessaire en particulier « d’étendre les obligations vaccinales de 3 à 11 vaccins », « d’améliorer l’accessibilité à la vaccination et sécuriser l’approvisionnement », et « de renforcer la protection vaccinale contre la grippe des personnes à risque ».
Préserver l’efficacité des antibiotiques, qui devra se traduire entre autres par la diminution de « la consommation d’antibiotiques », l’amélioration de « la pertinence des prescriptions », ou le développement « des tests de diagnostics pour mieux cibler les traitements ».
Améliorer la pertinence des prescriptions, des actes, des examens et des hospitalisations, qui nécessite en particulier « d’inciter les patients et les professionnels à discuter davantage de la balance bénéfice/risque de leurs prescriptions », ou « de promouvoir le bon usage des produits de santé en établissement de ville, notamment pour lutter contre la polymédication et la iatrogénie ».
Développer les génériques et biosimilaires, qui devra se traduire entre autres par le franchissement « d’une nouvelle étape avec un accompagnement renforcé des prescripteurs, et la promotion des médicaments biosimilaires », avec des objectifs chiffrés pour ces 2 points.

Deux objectifs devraient avoir des conséquences en matière de pharmacovigilance :
Développer une démarche d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins en y associant les usagers, qui nécessitera en particulier « de poursuivre le développement des signalements des événements indésirables graves dans les soins », ou encore « de protéger les déclarants d’un EIG et inciter soignant et usagers à développer un partenariat et tirer les enseignements des EIG déclarés ».
Adapter le système de veille et de vigilance aux « signaux faibles » …, ce qui devra se traduire en autres par la promotion de « la déclaration par les professionnels et le grand public via un portail accessible », ou par la révision « au niveau régional des systèmes de veille et de vigilance ».

photo_recherche-developpementDeux objectifs devraient avoir une incidence sur les activités de recherche & développement :
Développer la production, la diffusion et l’utilisation des connaissances, qui pose comme nécessaire en particulier « de développer des études médico-économiques », « de renforcer la sécurité des recherches impliquant la personne humaine », ou « de mettre en place des registres de patients, des observatoires ou des suivis de cohorte pour des pratiques complexes et innovantes ».
Soutenir les innovations en santé médicales et technologiques, ce qui devra se traduire par la promotion de « l’évaluation en continu […] par l’utilisation des données en vie réelle », ou par l’encouragement à « l’innovation et sa diffusion [..] en simplifiant le cadre juridique et financier des innovations en santé ».

Un objectif aura un impact sur l’accès à l’innovation et la prise en charge par la société :
Garantir l’accès aux traitement innovants, qui nécessitera en particulier « d’assurer l’accès des patients aux traitements les plus innovants tout en maintenant la soutenabilité des dépenses pour l’assurance maladie », ou de « renforcer le suivi en vie réelle de l’efficacité des nouveaux traitements ».

Un impact indirect pour 6 objectifs

Organisation des soins, Numérique, Dépistage. Ces trois autres thèmes rassemblent 6 objectifs qui devraient avoir un impact indirect pour les entreprises du médicament.

Trois objectifs se rapportant à l’organisation des soins devraient avoir des conséquences sur les entreprises du médicament, cette fois de manière indirecte, par les changements de parcours, de pratiques ou d’interlocuteurs qu’ils induiront :
Structurer les soins primaires pour assurer la qualité et la continuité des prises en charge, qui pose comme nécessaire entre autres « de soutenir le développement de tous les modes d’exercice coordonné », « de faire évoluer les modalités de financement », ou « de développer des indicateurs de qualité des parcours de soins ». Cela devrait contribuer à déplacer la prise en charge des patients, et donc à faire évoluer les interlocuteurs des laboratoires pharmaceutiques.
Améliorer la transversalité et la continuité des parcours en santé mentale, qui devra se traduire en particulier par l’amélioration du repérage précoce, ou du dépistage de certaines pathologies, ou par l’expérimentation de la prise en charge des thérapies non médicamenteuses pour certains malades.
Faciliter l’émergence et la diffusion des organisations innovantes, ce qui là encore, pourrait modifier les interlocuteurs directs des entreprises du médicament.

numerique_sante_photoDeux objectifs se rapportant au numérique devraient avoir un impact indirect sur les laboratoires pharmaceutiques, par les changements de pratiques, de modalités de décision et de prise en charge qu’ils provoqueront :
Généraliser les usages du numérique en santé pour abolir les distances, qui pose comme nécessaire entres autres de « généraliser l’usage de la télémédecine », « de permettre aux patients d’utiliser en routine des services numériques [..] pour faire renouveler une ordonnance », ou « de déployer la prescription électronique qui permettra aux professionnels en charge d’un patient de partager les informations de prescription et de délivrance de produits de santé ». Cela modifiera sans doute les pratiques des professionnels de santé et favorisera la prise en charge coordonnée.
Accélérer l’innovation numérique en santé, ce qui devra se traduire en particulier par l’offre « aux professionnels des outils numériques d’aide à la décision médicale, reposant sur les bases de données massives et les technologies d’intelligence artificielle », ou par le « développement de l’usage des technologies en matière de prévention et de suivi des pathologies chroniques », induisant ainsi des évolutions dans les modalités de décision et de prise en charge.

Un objectif associé au thème du dépistage devrait avoir des répercussions sur les entreprises du médicament, par l’évolution des populations diagnostiquées qu’il pourrait engendrer :
Développer une politique de repérage, de dépistage et de prise en charge précoce des pathologies chroniques, objectifs qui s’intéresse en particulier au cancer, aux pathologies cardio-vasculaires, au diabète, aux maladies neuro-dégénératives, ou aux maladies rénales.

Enrichie par la récente consultation publique, la stratégie nationale de santé sera adoptée et fera l’objet d’un décret en décembre. Elle sera ensuite déclinée et mise en pratique, dès le début de 2018, par des plans et programmes nationaux, ainsi que par les programmes régionaux de santé.

On le voit dès à présent, de nombreux objectifs auront des conséquences non seulement sur l’écosystème de la santé en France, mais, particulièrement, sur l’industrie pharmaceutique. Pour ces acteurs, il conviendra donc de suivre attentivement les étapes de finalisation et de déclinaison de la stratégie nationale de santé pour pouvoir s’adapter au mieux à ses résultats, voire anticiper leur mise en œuvre.

Marc Lefrançois
Partner
m.lefrancois@cmi-strategies.com

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