Pénurie de composants chez les sous-traitants électroniques: quelles opportunités pour les PME du secteur?

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CMI a travaillé récemment pour des entreprises de la sous-traitance électronique. Découvrez le point de vue de nos experts sur une filière dynamique malgré un contexte difficile et quelques pistes de réflexion autour des opportunités de croissance externe pour les PME françaises.

 

Malgré une situation tendue, des PME françaises surperforment le marché

Depuis deux ans le secteur de la sous-traitance électronique connaît une pénurie de composants électroniques sans précédent : près de deux-tiers des entreprises françaises observent des délais de livraison anormalement longs. Pour certains types de composants, ces délais s’élèvent à cinquante-deux semaines[1].

Dans ce contexte difficile, la filière française montre pourtant un dynamisme réel, soutenu par un marché en croissance (+2-3% par an). Parmi les quelques 500 sous-traitants électroniques que compte la France, les EMS[2] intermédiaires (15m€<CA<50m€) se distinguent par leur bon niveau de performance. En effet, ces PME affichent au global une croissance supérieure aux grands sous-traitants (+4% p.a. en moyenne) et des niveaux de rentabilité près de deux fois plus élevés que la moyenne du secteur (taux d’EBE moyen de ~10%).

 

Des PME capables d’adresser des niches dynamiques mais dont la taille peut s’avérer limitante

Premier élément d’explication à ce succès, les sous-traitants de petite à moyenne taille ont la capacité de se positionner sur des niches à haute valeur ajoutée mais à faibles volumes. Celles-ci sont souvent laissées de côté par la concurrence low-cost, dont les chaînes de production sont peu adaptées à la fabrication des petites séries. A contrario, les PME françaises, en quête de marges plus élevées, se positionnent sur ces niches[3] (e.g.) avec succès grâce à leur grande flexibilité et à leur proximité.

Ces atouts leur permettent aussi d’être les interlocuteurs privilégiés des nombreuses start-ups françaises qui émergent dans le secteur de l’IoT[4], fortement demandeuses de compétences en électronique. Ces start-ups qui exigent souvent une fabrication française pour satisfaire au label « Made In France » représentent des relais de croissance substantiels pour les PME du secteur. Les succès récents du Pavé Parisien[5] ou de Tecwec Networks[6] en sont des exemples parmi d’autres.

L’enjeu de la taille reste toutefois clé pour ces PME françaises qui font face à des problématiques bien connues des entreprises de moyenne envergure: dépendance à quelques clients sur un territoire limité, difficulté d’adresser des clients significatifs, de bénéficier d’économies d’échelle…

 

Paradoxalement, une conjoncture difficile qui ouvre des opportunités de croissance externe

La croissance externe, encore perçue comme périlleuse depuis l’échec d’Eolane sur ce segment relativement peu consolidé, offre pourtant des opportunités intéressantes.

Tout d’abord, l’allongement du lead-time des composants a alourdi les stocks des entreprises du secteur et a, in fine, fragilisé leur trésorerie. Ce type de difficultés structurelles ouvre des opportunités d’acquisition pour une plateforme de consolidation solide, et aurait dans le même temps l’intérêt de diversifier les activités, les géographies et le portefeuille clients de l’entreprise considérée.

Autre bénéfice de poids, la structuration d’un EMS « intermédiaire-like » d’envergure conséquente (>60m€ de CA) permettrait d’adresser plus systématiquement les besoins des grands donneurs d’ordres en petites séries de cartes électroniques complexes (nucléaire par exemple) dont les grilles de notation contraignantes interdisent souvent leurs marchés aux sociétés petites à moyennes.

Par ailleurs, une stratégie de build-up, contribuerait à étoffer ladite plateforme de nouvelles compétences humaines, ressources rares dans le secteur de la sous-traitance électronique, où les formations sont peu nombreuses et les niches applicatives multiples.

 

Selon CMI, la réussite d’un tel projet est subordonnée à trois facteurs clés de succès :

  1. D’abord, une bonne maîtrise des coûts fixes. Elle est capitale, avec notamment l’enjeu de rationalisation des fonctions support et des locaux de production.
  2. Ensuite, la structuration d’une supply-chain est un point essentiel. D’abord pour absorber les tensions sur la chaîne d’approvisionnement, puis pour dimensionner une structure capable de répondre aux nouveaux besoins issus du changement de dimension.
  3. Enfin, la mise en place d’outils de suivi de la performance, du portefeuille clients notamment, contribuerait au maintien de marges élevées par l’identification des comptes les moins rentables, sur un segment globalement peu mature sur le volet process et contrôle de gestion.

 

[1] Observatoire de la pénurie, SNESE, 2018
[2] Electronic Manufacturing Services : sous-traitant électronique, société qui ne maîtrise pas le design des produits qu’il fabrique
[3] E.g. les commandes spéciales ou des segments à faibles volumes comme le biotech etc…
[4] Internet of Things : désigne les objets qui interconnectent, Internet, des lieux et des environnements physiques
[5] Enceintes audio au design industriel fabriquées 100% en France
[6] Routeur SDN de dernière génération à destination du grand public