Le remboursement de la téléconsultation : un changement des pratiques d’accès et de prestations de soins ?

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Depuis le 15 Septembre 2018, date de la signature de l’avenant 6 à la convention de l’Assurance Maladie, les actes de téléconsultation sont remboursables en France et réalisables par des médecins libéraux conventionnés, sans restriction géographique. Le remboursement des actes de téléexpertise est planifié à compter du premier trimestre 2019, sous certaines conditions. Une subvention plafonnée à 525 euros pour financer l’équipement des médecins et inciter à l’utilisation de la télémédecine devrait également être disponible courant 2019.

Deux conditions doivent être remplies par les patients pour prétendre au remboursement de la téléconsultation :

  • Être adressé par son médecin traitant dans le cas de la consultation d’un médecin spécialiste. Cette condition ne s’applique pas si le patient ne dispose pas de médecin traitant ou si ce dernier est indisponible
  • Avoir déjà réalisé une consultation classique avec le médecin téléconsultant au cours des 12 derniers mois

Les principaux bénéfices attendus avec de l’essor de la téléconsultation sont la possibilité de maximiser le temps des patients et des médecins par la réalisation de certains actes ou avis médicaux à distance (tels que le renouvellement d’ordonnances, les consultations pour des troubles bénins) et l’amélioration de l’accès aux soins pour les patients isolés.

 

L’Etat a misé sur 500 000 actes de téléconsultation en 2019, et 1 000 000 en 2020 pour environ 260 000 actes réalisés en 2015. L’atteinte de ces prévisions traduirait une transformation du parcours de soins du patient et du cadre d’exercice des médecins. A l’heure actuelle, s’il est encore trop tôt pour pronostiquer avec certitude un tel changement des pratiques et habitudes, de nombreux prestataires de services ont senti un potentiel d’opportunités.

Parmi les lancements récents, la plateforme de téléconsultation de Doctolib est adressée aux praticiens qui, en s’acquittant de 79 euros par mois, disposent d’une plateforme vidéo sécurisée qui intègre notamment le télépaiement et l’envoi de l’ordonnance dématérialisée. Si Doctolib limite actuellement son service aux téléconsultations avec un médecin vu dans l’année par le patient, Qare, autre poids lourd du marché va plus loin en proposant des consultations virtuelles sans implication systématique du médecin traitant.  La start-up suédoise Livi a ouvert un centre de santé en partenariat avec le CHI de Créteil : les patients sont reçus par des infirmières et pris en charge en téléconsultation.

 

Face à l’éclosion de ces services, les avis émanant de la communauté médicale sont réservés

Certains redoutent que l’arrivée massive de plateformes de téléconsultation ne provoque une Ubérisation des pratiques médicales. Le recours progressif à la téléconsultation n’aura pas pour vocation de remplacer les consultations en présentiel en cabinet, unique porte d’entrée de l’examen clinique du patient.

Avec une adhésion globale mitigée de la population pour le moment, trois points clés semblent essentiels pour l’intégration optimale et harmonieuse de la téléconsultation dans les usages :

  • Un juste positionnement au sein du parcours de soins, avec un fléchage suffisamment flexible de manière à assurer un accès facilité aux soins
  • L’assurance que les consultations à distance présentent des critères de qualité satisfaisants
  • L’évolution progressive des habitudes et perceptions des patients comme des médecins de manière à solliciter et proposer les consultations virtuelles dans les cas où cela présente un avantage pour l’ensemble des parties

 

Un sondage réalisé par Harris interactive révèle que seulement 52% des français sont favorables à la téléconsultation dans le cadre d’une consultation généraliste. Cette proportion augmente si ce recours se limite à un conseil médical, au renouvellement d’une ordonnance, l’obtention d’un certificat médical ou pour traiter une affection mineure. Ainsi, la téléconsultation semble donc plutôt émerger comme une alternative à la consultation traditionnelle et en priorité sur certains actes simples.

En dépit de retours d’expérience relativement limités, il semble essentiel que les réflexions portées sur le parcours de soins et les projets médicaux des établissements hospitaliers intègrent à l’avenir un volet e-santé afin d’initier une stratégie et une ligne de conduite vis-à-vis de la transformation du cadre traditionnel de la consultation, et plus largement, de la santé dans son ensemble.

 

 

Pour en savoir plus :

Sur la division Santé de CMI : https://www.cmi-strategies.fr/practice/sante-protection-sociale/

Sur l’impact des prises de RDV en ligne : https://www.cmi-strategies.fr/rendez-vous-en-ligne-et-consultations/

https://www.vidal.fr/actualites/22743/teleconsultation_par_video_remboursee_a_partir_de_septembre_2018/

https://www.ameli.fr/assure/actualites/generalisation-de-la-telemedecine-en-france

https://www.vivamagazine.fr/coup-envoi-de-la-telemedecine-en-france-173469

https://www.lepoint.fr/societe/teleconsultation-en-ligne-doctolib-commence-a-s-implanter-14-01-2019-2285505_23.php

https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0600368167007-la-revolution-de-la-telemedecine-la-sante-au-bout-du-clic-2234513.php

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/teleconsultation-ca-sactive-en-2019

http://sante.lefigaro.fr/article/deux-francais-sur-trois-mal-informes-sur-la-teleconsultation-medicale-/